Manger « local » dans la Communauté métropolitaine de Québec:

Relocalisation des systèmes alimentaires et ville durable

Subvention CRSH – « Subventions Savoir » (2012-2014)

Au cours de la dernière décennie, on a vu se multiplier, au Québec comme ailleurs, les initiatives visant à rapprocher les producteurs et les consommateurs de denrées alimentaires. Différents dispositifs de mise en marché et d’approvisionnement en « circuit court » ont ainsi été créés ou renouvelés. L’agriculture soutenue par la communauté (paniers de produits biologiques), les marchés publics, les marchés en ligne, l’auto-cueillette et la vente directe à la ferme ainsi que le jardinage collectif sont ceux qui ont connu l’essor le plus remarquable.

L’alimentation locale est, par ailleurs, devenue un véritable enjeu de société. Avec le développement des biotechnologies et la globalisation des systèmes et des marchés agroalimentaires, des préoccupations ayant trait à la santé, à l’environnement, à la vitalité des régions rurales et aux conditions de travail et de vie des producteurs ont suscité l’intérêt des citoyens et des États envers l’origine, les processus de production, les distances parcourues et la qualité des aliments accessibles sur le marché. Ces préoccupations expliquent également en partie l’engouement suscité par les modalités d’approvisionnement permettant de se procurer des produits locaux, qui restent néanmoins relativement peu développées et utilisées par une minorité de citoyens.

C’est précisément aux initiatives individuelles et collectives issues de cette mouvance que s’intéresse ce projet interdisciplinaire. Il s’arrête à la région spécifique de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ), deuxième centre urbain en importance dans la province et où manger « local » est vu comme une manière éthique, responsable et citoyenne de consommer, voire une forme d’engagement politique.

Néanmoins, l’intention de manger « local » ne se concrétise pas toujours, à cause de plusieurs freins, parmi lesquels les prix élevés des produits, la faible accessibilité et la variété insuffisante de l’offre. L’accessibilité physique et économique est donc un enjeu incontournable quand il s’agit du développement des systèmes agroalimentaires locaux. Par rapport à l’environnement, les déplacements répétés pour se rendre à un lieu d’approvisionnement éloigné, qu’il propose ou non des denrées locales, sont plutôt néfastes, d’où l’importance de la localisation des dispositifs de mise en marché sur le territoire urbain, à proximité des milieux de vie.

Approchant la situation de la perspective de plusieurs disciplines (aménagement urbain, agroalimentation, géographie, sociologie, anthropologie, politique, santé publique, sciences de l’environnement, etc.), le projet cherche à répondre à des questions primordiales pour la communauté québécoise: Quels buts, quelles aspirations animent les promoteurs et les usagers des dispositifs de mise en marché et d’approvisionnement offrant des aliments locaux? Comment ces dispositifs sont-ils distribués sur le territoire de la CMQ? Dans quelle mesure sont-ils accessibles, économiquement et physiquement, à la population de Québec? Qui sont les personnes y ayant recours (les usagers)? etc.

Partant de la prémisse qu’il est primordial de développer les systèmes agroalimentaires locaux pour des raisons environnementales, économiques, culturelles et de santé publique, la recherche envisagée poursuit trois objectifs: 1) identifier de quelle manière a évolué l’offre alimentaire de proximité sur le territoire de la CMQ au cours des 15 dernières années; 2) vérifier pour qui (selon les secteurs de résidence, les revenus et la mobilité) elle est accessible et pour qui elle l’est moins; 3) comprendre ce qu’elle signifie pour les producteurs, les consommateurs et les organisations qui la soutiennent.

Le but final du projet est de produire des connaissances nouvelles qui pourront guider la mise en place d’alternatives plus avérées sur les plans de l’accessibilité à des aliments locaux et du maintien d’un équilibre dynamique entre les zones urbaines et rurales du territoire de la communauté métropolitaine du Québec.