De ville à métropole:

Images et représentations

Subvention CRSH – « Subvention  » (2009-2012)

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, à la faveur de la généralisation de l’automobile familiale puis individuelle, l’étalement urbain se poursuit sans cesse. L’ensemble des analyses sociales, comportementales, géographiques et paysagères menées au sein du GIRBa depuis 10 ans a mis en évidence, pour la Ville de Québec, un territoire métropolitain étalé où se côtoient des « fragments de villes » (centre historique, anciennes banlieues, secteurs commerciaux, pôles industriels, noyaux villageois, centres récréotouristiques, etc.). Juxtaposées, ces entités forment une « ville à la carte » à l’intérieur de laquelle, grâce à l’automobile, les résidents se déplacent, tant ceux du centre que de la périphérie.

Le phénomène d’étalement et de fragmentation de l’espace urbain est à ce point généralisé que s’articule de part et d’autre de l’Atlantique une nouvelle vision de la ville: edge city, ville polynucléaire ou polycentrique, ville diffuse, ville plurielle, ville franchisée, espace des flux, « tout urbain », urbain « sans lieu ni bornes ». Si les termes sont loin de faire consensus pour nommer cette nouvelle « ville », la réalité sous-jacente est plus facile à caractériser: étalement croissant des lieux de résidence, de travail et de consommation et (auto)mobilité accrue. Dans ce contexte, il est difficile pour les résidents de se représenter le territoire de la ville dans son entier. Aussi, ces logiques « à la carte » rendent difficile le développement d’un projet collectif durable, pourtant requis dans le contexte du réchauffement planétaire et du vieillissement démographique.

En ce qui concerne les banlieusards québécois en particulier, quoique leurs représentations du territoire sont bien campées et opposent clairement « ville », « banlieue » et « campagne », ces représentations (diversifiées dans leur ensemble, mais dotées chacune d’une grande inertie) sont de même en décalage avec la fréquentation de larges territoires métropolitains par la plupart des ménages. Une question importante s’imposait: les pratiques éclatées et les multiples représentations individuelles de l’espace métropolitain contribuent-elles à diminuer l’identification à un territoire partagé et à freiner l’adhésion à des politiques publiques axées sur le développement durable?

Après avoir étudié les représentations individuelles des diverses composantes de la ville « à la carte », le GIRBa a projeté étendre ses recherches, d’une part aux représentations sociales de l’ensemble de la ville étalée chez les citoyens qui l’habitent, et, d’autre part, aux représentations collectives à l’intérieur desquelles se situent les représentations individuelles, notamment celles liées à l’imaginaire social, telles que véhiculées dans les arts médiatiques et les projets urbains.

Choisissant comme objet d’étude le cas particulier de la Communauté métropolitaine de Québec, le GIRBa s’est donné pour objectif d’analyser les représentations sociales (individuelles et collectives) de la ville dans toute leur complexité et dans leur dynamique, ainsi que de repérer les décalages, voire les contradictions entre elles. Par le biais de cette analyse de cas, le groupe a aussi visé mettre de la sorte en évidence des processus plus généraux quant à la façon de penser la ville et son avenir.

Dans le but de mieux comprendre la construction des représentations du territoire, le GIRBa a désiré plus spécifiquement: 1). Étendre ses analyses des représentations de différents secteurs de l’agglomération de Québec à l’ensemble du territoire métropolitain; 2). Étudier, au-delà des représentations sociales individuelles, les représentations collectives du territoire urbain et de ses composantes par l’intermédiaire des images qui y étaient associées; 3). Analyser les représentations collectives, portées par l’art, l’architecture et l’urbanisme, qui encadraient ces représentations individuelles; 4). Comparer les représentations individuelles de l’urbain des résidents des différents secteurs qui composaient le territoire métropolitain et les images qui y étaient associées; 5). Saisir les représentations de l’urbain, tant individuelles que collectives, dans une dynamique à la fois synchronique et diachronique allant, tel que le projet s’intitule, de ville à métropole!