La banlieue revisitée

Permanences et transformations des usages et représentations de l’espace

La banlieue a mauvaise presse: villes-dortoirs, étalement urbain, société de consommation. Les banlieues et leurs bungalows sont pourtant le milieu de vie de la majorité de la population nord-américaine. Faut-il poursuivre l’étalement urbain, dans une société vieillissante, ou faut-il plutôt consolider les milieux existants et les transformer pour répondre à de nouveaux besoins?

Si les auteurs ont choisi l’agglomération de Québec pour modèle de leur étude, ce qu’ils décrivent concerne bien plus que le grand Québec, dont l’homogénéité sociale permet de mieux isoler l’effet du vieillissement de la population et des quartiers de la première couronne. Ailleurs en Amérique du Nord, les clivages linguistiques ou ethniques (comme c’est le cas à Montréal) teintent les représentations du centre et de la banlieue et infléchissent les trajectoires et les projets résidentiels. Les banlieues témoignent en effet d’institutions, de valeurs, de l’appropriation du territoire, de l’art d’habiter et de pratiques constructives qui se sont développées depuis un demi-siècle. Les auteurs s’intéressent non pas tant à la banlieue en général qu’à celle de l’après-guerre où domine le bungalow.

Cette étude constitue en fait le résultat de la subvention CRSH, « La banlieue revisitée: Permanences et transformations des usages et représentations de l’espace » (1998-2004); elle est donc signée par une équipe pluridisciplinaire composée d’architectes, de designers urbains, d’urbanistes, de psychologue, de géographe, et de sociologues.

Table des matières

  • REMERCIEMENTS
  • INTRODUCTION: LA BANLIEUE REVISITÉE

Carole Després et Andrée Fortin

 

  • PREMIÈRE PARTIE: REPÈRES HISTORIQUES

CHAPITRE 1: L’ÈRE DU BUNGALOW : PORTRAIT URBAIN ET ARCHITECTURAL

Geneviève Vachon et Nik Luka

Ce chapitre brosse le portrait architectural et urbain des banlieues édifiées dans les années 1950 et 1960 et qui constituent le point d’ancrage de notre recherche. L’identification des facteurs physiques qui sont responsables de la formation et de la transformation de ces milieux contribue à la définition de leurs caractères identitaires. Les 5 territoires à l’étude, qui font désormais partie intégrante de la ville fusionnée de Québec, s’apparentent à 3 types de banlieues. Beauport, Charlesbourg et Sillery intègrent les traces de leur passé villageois au sein de leur forme contemporaine. Le quartier Duberger résulte plutôt de l’imposition d’un modèle standardisé sur des terres agricoles, sans lien avec un noyau fondateur. Sainte-Foy, enfin, représente un type hybride dont la forme reflète à la fois la présence d’un village d’origine et l’influence des modèles types de subdivision. Le chapitre identifie d’abord les différences fondamentales entre les banlieues d’après-guerre, les banlieues industrielles du tournant du siècle et les banlieues contemporaines des 2e et 3e couronnes. Il décrit ensuite les caractéristiques géographiques communes aux premières banlieues pavillonnaires : leur localisation par rapport aux dessertes routière et autoroutière, leur organisation fonctionnelle et la composition des paysages résidentiels où domine le bungalow. Finalement, les caractères distinctifs de chacune des banlieues sont mis en lumière dans le but d’éclairer d’éventuelles stratégies de revitalisation pour ces milieux.

CHAPITRE 2: LA BANLIEUE EN TROIS TEMPS

Andrée Fortin

À partir d’une relecture de quelques travaux anciens et d’une analyse de la publicité sur le logement neuf depuis 1950, se dégage un tableau des banlieues de l’agglomération de Québec à trois moments cruciaux : leur construction dans les années 1950 et 1960, leur apogée dans les années 1970, puis leur vieillissement. Quels en sont les habitants ? D’où viennent-ils et où travaillent-ils ? Comment apprécient-ils leur milieu de vie ?

CHAPITRE 3: LES BANLIEUSARDS ET LES TEMPS CHANGENT

Dominique Morin

Ce chapitre retrace l’évolution démographique des premières banlieues de Québec et les situe par rapport aux autres types de quartiers de l’agglomération. Les disparités socioéconomiques entre les banlieues, la péri-urbanisation de l’habitat à haute-densité résidentielle, le vieillissement des banlieusards et la diversification de leurs ménages y sont successivement étudiés. Ce portrait socio-démographique des banlieues permet de mieux comprendre la différenciation croissante des modes de vie de banlieue et appelle des transformations majeures des milieux suburbains dans les années à venir.

 

  • DEUXIÈME PARTIE : ANALYSES

CHAPITRE 4: PRÉSENTATION DE L’ENQUÊTE

Dominique Morin et Andrée Fortin

En 1999, 173 propriétaires de résidences unifamiliales, dans 5 secteurs de banlieue de Québec ont été rencontrés dans le cadre de l’enquête sur la banlieue revisitée. Ce chapitre présente brièvement ces banlieusards (leur âge, leur occupation, leur revenu, leur durée de résidence, leur nombre de voitures et bien sûr la structure de leur ménage) et les compare à la fois à la population des quartiers où ils résident et à celle de l’ensemble de l’agglomération.

CHAPITRE 5: TERRITOIRES D’APPARTENANCE

Andrée Fortin

Alors que les banlieues ont la réputation d’être en tous points l’envers de l’urbain, une étude attentive révèle que le rapport à l’espace des banlieusards ressemble en plusieurs points à ceux des résidents des quartiers centraux. Plusieurs banlieusards sont enracinés dans leur quartier : ils y sont nés ou y ont grandi, ou encore y vivent depuis plus de 20 ans. Cet enracinement constitue la base sur laquelle repose un véritable attachement au quartier. Se construit ainsi une appartenance, voire une identité banlieusarde.

CHAPITRE 6: DE LA VILLE À LA BANLIEUE, DE LA BANLIEUE À LA VILLE : DES REPRÉSENTATIONS SPATIALES EN ÉVOLUTION

Nicole Brais et Nik Luka

Les images de la ville et la banlieue semblent insensibles aux transformations qui modifient ces deux types de milieux et leurs rapports entre eux. Ce chapitre explore les représentations spatiales ainsi que les rapports identitaires de résidentes et résidents de banlieues de générations différentes, soit une banlieue du début du siècle, deux banlieues de l’après-guerre et une banlieue nouvelle de l’agglomération de Québec. L’analyse confirme la persistance d’images stéréotypées de la ville et de la banlieue. Cependant, les discours sur les milieux résidentiels particuliers indiquent une plus grande sensibilité aux transformations et suggèrent des critères pour distinguer entre différents types de banlieue. Ces représentations peuvent certainement alimenter la réflexion sur les stratégies de revitalisation des banlieues vieillissantes dans une perspective écologique.

CHAPITRE 7: MOBILITÉ ET VIE SOCIALE : ENTRE LE QUARTIER ET L’AILLEURS

Alexandra Daris

Ce chapitre soutient que les habitudes de déplacements quotidiens peuvent être mises en relation avec l’appartenance à des groupes aux caractéristiques socioéconomiques homogènes. Les comportements de mobilité relèvent de modes d’insertion sociale plus ou moins dépendants de l’espace de proximité; ces comportements sont reliés à l’attachement et se répercutent sur les aspirations résidentielles.

CHAPITRE 8: CENTRALITÉ ET BANLIEUE DEPUIS LE QUARTIER DUBERGER

Thierry Ramadier

Cette étude auprès de 63 résidents de Duberger a montré que les significations du quartier Duberger diffèrent d’une génération de résidents à l’autre alors que celles de la banlieue en général restent plus stable. Par ailleurs, la représentation spatiale de l’agglomération se structure autour de la centralité résidentielle et de multiples centralités fonctionnelles pour les résidents les plus récents, alors que les résidents de plus longue date conservent le modèle centre-ville/banlieue. D’autre part, la structure de la représentation spatiale (carte mentale) semble tributaire du regard que l’individu porte sur les lieux, montrant ainsi que la  » lecture  » de l’espace urbain a des fondements autant sociaux que physiques.

CHAPITRE 9: VIEILLIR EN BANLIEUE

Carole Després et Sébastien Lord

Les banlieues édifiées après la guerre vieillissent physiquement et socialement. Une analyse détaillée des données du recensement de 1996 révèle que, en nombre absolu, il y a plus de personnes âgées qui résident en banlieue comparativement aux quartiers centraux de l’agglomération de Québec. Cette situation est encore plus prononcée dans les banlieues édifiées entre 1950 et 1975 où les familles sont dorénavant en minorité, avec la présence croissante de ménages monoparentaux, de personnes seules et de couples dont les enfants ont quitté le foyer. Même les enfants qui vivent dans ces quartiers ont vieilli : 40 pour cent d’entre eux sont âgés de 18 ans ou plus. Un nombre important de citoyens qui ont fait l’achat d’une propriété dans ces banlieues dans les années 1950 et 1960 atteignent maintenant l’âge de la retraite. Quels besoins spécifiques peuvent être anticipés pour ces banlieusards qui glissent vers le 4e âge? Quelles sont leurs aspirations quant à leur avenir résidentiel ? Sachant qu’un aîné sur cinq souffrira à un moment ou à un autre de graves problèmes de santé, dans quelle mesure la banlieue est adaptée à l’éventuelle perte d’autonomie et au manque de mobilité de ses habitants ? En quoi l’urbanisme et l’architecture de ces quartiers posent-ils problème ? En réponse à ce questionnement, ce chapitre résume le point de vue des aînés quant à leur avenir résidentiel et pose un diagnostic sur le cadre physique et fonctionnel des banlieues en relation avec leurs besoins et leurs aspirations.

 

 

  • TROISIÈME PARTIE: PROPOSITIONS D’AMÉNAGEMENT

CHAPITRE 10: RÉAMÉNAGER LE TERRITOIRE DES BANLIEUES : PROPOSITIONS URBAINES ET ARCHITECTURALES

Geneviève Vachon et Carole Després

Les banlieues sont des terrains d’intervention privilégiés pour les professionnels de l’aménagement puisque leur forme pose problème à plusieurs égards. Au niveau social, les transformations démographiques exacerbent l’inadéquation entre le cadre bâti des banlieues et les attentes de leurs résidents. Au niveau économique, l’objectif de maintenir et de renouveler les populations catalyse une réflexion sur la densification modérée de ces secteurs afin d’y optimiser les infrastructures actuelles. Enfin, au niveau écologique, la consolidation de ces milieux offre une alternative à l’étalement et ses conséquences néfastes sur l’équilibre fragile des zones naturelles sensibles. À la lumière de ces contraintes et des résultats de l’enquête présentés dans les chapitres précédents, quelles avenues urbanistiques et architecturales donneraient un second souffle aux premières banlieues? Ce chapitre présente des propositions urbaines et architecturales à travers lesquelles nous avons tenté d’apporter des éléments de solution à ces questions. Ces projets touchent la transformation et l’adaptation de banlieues à quatre échelles d’intervention : la région métropolitaine, le quartier, la rue et la maison. Les propositions discutées abordent : la conception de nouvelles collectivités compactes intégrées au territoire périurbain, la restructuration d’espaces publics collectifs, l’insertion de centres de soins aux aînés, l’élaboration de nouvelles normes d’aménagement pour la réfection de rues et, enfin, la formulation de directives et de normes pour accommoder l’ajout de logement supplémentaire aux bungalows.

  • BIBLIOGRAPHIE
  • LES AUTEURS

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